Schwetzingen ce 27 juillet 1754
J'ai reçu, monsieur, votre lettre pendant que j'étois aux bains de Schlangenbadt, et peu de jours après mon retour icÿ le volume que vous m'avez envoié.
Je vous en suis bien obligé, et quoique vous aiez outré quelques expressions flatteuses à mon égard je suis bien aise de concourrir à la justice que le public vous doit sur les mauvaises éditions de votre Essai sur l'histoire universelle. Vous rendrai sûrement un grand service à ce même public si vous donnéz bientôt le reste de cet ouvrage. Il intéresse, il amuse, et instruit solidement, rien d'essentiel n'y est oublié, et les faits de moindre conséquence qui s'ÿ trouvent paroissent presque nécessaires pour nous bien faire entrer dans l'esprit des siècles passéz; j'ai entendu par plusieurs personnes que vous travailléz présentement à une histoire d'Espagne, quoiqu'ils ne me l'ont pas assurer pour certain; j'espère que votre santé vous permettra toujours de donner quelque ouvrage nouveau. Comme je crois le vin d'Hongrie fort sain et que vous n'ête peut être pas à portée d'en avoir du bon j'ai fais fair les dispositions pour vous en envoier dès que les chaleurs le permettront. Je voudrois avoir des occasions plus réelles de pouvoir vous faire plaisir. Je suis avec bien de l'estime monsieur votre affectionné
Charles Theodore Electeur