1759-08-28, de Charles Theodore von Sulzbach, Elector Palatine à Voltaire [François Marie Arouet].

Je suis charmé d'apprendre par votre lettre, monsieur, que vous continuéz de travailler à un ouvrage que le public doit désirer avec empressement, et que malgré les peines, et les soins que vous vous donnéz dans les profondes recherches que vous faite dans l'histoire, vous vous occupiéz encore à orner le théâtre françois d'une nouvelle tragédie.
Je suis bien impatient de la voir: ye are in ye right to think, that I don't dislike ye English taste, & I have borrow'd this way of thinking from yr observations on this nation. Les trop grandes libertéz de la tragédie angloise étant réduites à de justes bornes par quelqu'un qui sçait si bien les compasser que vous monsieur, ne pourront que plaire à tous ceux qui jugent sans prévention; je tombe moi-même un peu dans le deffaut d'être prévenu, puisque je le suis déjà pour ce nouvel enfant légitime, dont je serai charmé de revoir le père qui en fait tant et de si beaux. J'espère que votre santé se remet, sojez sûr de L'estime avec laquelle je suis

Monsieur

Votre affectionné

Charles Theodore Electeur