1754-05-01, de Charles Theodore von Sulzbach, Elector Palatine à Voltaire [François Marie Arouet].

Le manuscrit corrigé de votre main, monsieur, joint au second tome des annales de L'empire m'ont occupé si utilement et si agréablement ces jours passez que je n'ai [pu] plutôt vous en témoigner ma reconnoissance; vos ouvrages ne sont pas faits pour être lus à la hâte, chaque année pour ainsi dire dans vos annales mérite quelque attention particulière par les réflexions judicieuses que vous y placé si à propos; L'essai sur l'histoire universelle dont vous avez tiré une grande partie pour vos annales ne leurs cède en rien quoique le sujet en soit beaucoup plus vaste, et ces deux ouvrages ne sont pas faits pour les gens qui ressemblent au nouvel automate de Paris; il y a, il est vrai, si peu de gens qui pensent, et moins encor qui pensent [juste], qu'il ne seroit pas étonnant, si quelque sombre misantrope ne regrettait pas, qu'on ait trouvé le moien de diminuer L'espèce humaine à moins de frais.

Vous me ferai plaisir, monsieur de m'informer si cette opération avec le sel se fait avec succéz. Je serai d'ailleurs charmé de pouvoir vous faire plaisir, et de vous témoigner L'estime qui vous est due

Monsieur Votre bien affectionné

Charles Theodore Electeur