1771-10-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Ribote-Charron.

Le vieux malade qui a reçu la prose et les vers de Monsieur Ribote, et qui l’en remercie, ne connait en aucune façon la belle personne à qui ces vers sont adressés.
Tout ce qu’il sait, c’est qu’on ne s’est jamais moins soucié de vers qu’a présent à la cour de France.

Le vieux malade s’occupe àprésent à faire fleurir une Colonie d’environ cent de vos compatriotes qui ont établi des manufactures dans sa retraitte. Ils y jouïssent de toute la liberté du commerce et de celle de la conscience. On leur a bâti une vingtaine de maisons où ils vivent assez commodément. Celà vaut mieux qu’une fondation de moines. Quel bien n’aurait-on pas fait à la patrie si on avait emploié à encourager les hommes et les arts, la centième partie de l’argent qu’on a mis à doter des fainéans dangereux!

Le vieux malade fait bien ses compliments à Monsieur Ribote.