Stockholm [April/May 1771]
Monsieur de Voltaire.
Je réponds en meauvaise prose aux beaux vers que vous m’avés envoyés. Tous vos amis à Paris vous auront dit combien j’étois déterminé à vous aller chercher dans la retraite que vous rendés si célèbre. Vous savés ce qui m’a arrêté dans ma course, et me voicy condamné pour toujours à ne plus sortir de ma place. Elle seroit assés belle s’il étoit aussi aisé d’en remplir les devoirs que d’en recueillir les agrémens. C’était là dessus que j’aurois voulu causer avec vous, qui savés si bien, instruire et persuader. Au défaut du plaisir d’entendre la vérité de votre bouche, que je l’aprenne au moins par votre plume. Mais je vous déclare avec sincérité que je veux des leçons, non pas des louanges; et que je désire néanmoins vivement que vous viviés assés long tems pour me donner celles ci quand je les aurai méritées. C’est dans ces sentimens que je serai toujours
Votre affectioné.