1771-03-17, de Antoine Adam à Frédéric Samuel Osterwald.

Monsieur,

Je suis allé d’abord Lire vôtre Lettre à Madame Denis.
Elle est très affligée de vôtre situation, mais Elle ne peut y apporter aucun remède, par Les raisons, que je vous ai êcrites plusieurs fois de sa part, et qu’Elle vous a répétées Ellemême dans une de ses Lettres. Elle dit, et je Le pense, que vos correspondants auroient fort mauvaise grâce de se plaindre de vous; ils ne doivent blâmer que leur imprudence et leur indiscrétion, qui vous a fait tort, qui a averti Mr Crammer de prendre tant de précautions contre vous, et qui a mis Monsieur de Voltaire dans L’impuissance de suivre touts ses desseins en vostre faveur. Je n’osais parler de vôtre peine à ce grand homme, que la bavardise de ces Messieurs a chagriné autant que vous. Enfin j’ai pris assez sur moi pour oser lui présenter vôtre requête, et pour Le prier encore après tant d’importunitez, de vous envoyer Le quatrième volume, qui est Le seul qui soit sorti de La presse, et dont il n’a qu’un seul exemplaire. Ils n’ont pas fini Le troisième, a t-il répondu. Pourquoi me demander Le quatrième? Je lui ai dit que sur vôtre Lettre je croïais que Le troisième était fini. Il a assuré qu’il ne L’êtait pas, puisque vous ne Le Lui aviez pas envoyé. Ce n’est point à moi de vous donner des conseils. Vous savez trop ce qu’il convient de faire en pareille occasion. Je voudrais pouvoir vous servir de manière à vous contenter parfaitement. Mais je suis un bien pauvre homme, et bien pauvre de toutes Les façons. Je n’ai que des désirs et des sentiments. Rien de plus vif, ni de plus sincère, que ceux avec Les quels j’ay L’honneur d’être

Monsieur

Vôtre trés humble, et trés obéissant serviteur

Adam