1776-03-29, de Louis Gaspard Fabry à Charles de Brosses, baron de Montfalcon.

Monsieur,

Cette prétenduë délibération du 14 de ce mois prise au château de Fernex où les sindics et conseillers des 3 ordres avoient été convié à diner par une lettre particulière de madame Denis adressée à chacun d'eux n'est autre chose que ce mémoire composé des 8 articles qui fut envoié aussitôt par m. de Voltaire à m. Turgot ou à m. de Fargés et dont j'ai eu l'honneur de vous adresser une copie avec des observations.
Nous avons tous senti l'imprudence de la démarche que nous avons faitte mais comment résister à un homme dont la faveur et le crédit sont si redoutables? Plus notre situation est délicatte et fâcheuse plus nous vous aurons d'obligation si vous pouvés faire échoüer les projets ambitieux de m. de Voltaire, faire régler d'une manière certaine le pouvoir attribué aux sindics du Pais, rétablir l'ordre dans les assemblées et la liberté dans les délibérations.

Agréés, monsieur, tous mes remerciemens de la bonté que vous avés eue de justiffier ma négociation pour ce sel des Suisses; cette affaire si avantageuse à la Province et si désagréable pour moi dirigera désormais ma conduite et m'apprendra à ne plus suivre si aveuglément mon zèle pour le public si injuste et si peu reconnoissant.

Je suis avec un profond respect

Monsieur

Votre trés humble et trés obéissant serviteur

Fabry