1776-02-13, de Louis Gaspard Fabry à Charles de Brosses, baron de Montfalcon.

Monsieur,

Il m'est revenu de bonne part que Madame de st Julien à la sollicitation de M. de Crassy son protégé avoit rendu un compte très infidel et très désavantageux à M. le Controlleur général de ma conduite dans la négociation, l'achat et la revente des 2000 quintaux de sel que le canton de Berne a céddé au Pays de Gex.
Je n'éxigeois aucune reconnoissance de ce petit service mais je ne me serais pas attendu qu'il fût payé de la plus noire calomnie. M. le comte de la Forest qui partagea bien avec Mrs Les sindics des trois ordres toute l'indignation que ce procédé mérite veut bien se charger de vous adresser mon mémoire justifficatif et se joindre à moi pour vous suplier de le faire passer sous les yeux de M. le controlleur général. Je vous aurais, Monsieur, une grande obligation de vouloir bien détruire l'impression que de faux raports peuvent avoir faitte et rendre de bons témoignages de mon zèle et de ma bonne volonté à servir la province dans toutes les choses qui l'interressent. Je sçais positivement que c'est sur des lettres de M. Deprés l'ainé et de M. Rouph de Varicourt son beaufrère, à M. de Crassy dont le caractère vous est suffisamment connu, que Madame de st Jullien a fait les démarches dont je suis prévenû. Je vous suplie instament, Monsieur, de prendre ma deffense et de m'accorder votre protection; ma reconnoissance égalera le profond respect avec lequel je suis

Monsieur

Votre trés humble et trés obéissant serviteur

Fabry