A la forge d’Audincourt le 24 9bre 1773
Nosseigneurs,
J’ai reçû une lettre de Mr de Voltaire en datte du 19 de ce mois, que j’ai l’honneur de joindre ici, par laqu’elle il m’invite de luy payer un quartier qui luy est échue depuis le 30 7bre dernier.
J’y satisferois incessament Nosseigneurs, si deux raisons ne me retenoient.
La première est que mr de Voltaire a cessé de m’envoyer les quittances des payemens, que je luy ai fait et ne m’accuse pas seulement la réception de mes Effets. J’eus l’honneur de m’en plaindre à Mr le Consr Jeanmaire en réglant mon dernier Compte à la Recette générale et je l’ai prévenû, que je ne luy ferois plus passer de remises vû que je luy avois payé quatre termes sans quittances. Il a trouvé mon motifjuste.
La seconde raison est, Comm’il est rechû aux fermiers des forges et des sallines une somme de près de quatre vingt milles livres pour restant des avances faites sur les Canons de leurs fermes, et que leur Beaux Courrent à leur fin, je n’ai plus trop de Tems pour retenir cette somme, d’autant plus, que que le Bail pour les sallines étant bientôt Expiré, et que le Canon des forges ne seroit plus suffisant, attendû que l’Etat de Berne en prélève annuellement 12150lt.
Je vous prie en Conséquence Nosseigneurs de disposer cet objet autrement.
J’ai l’honneur d’être dans le plus profond respect
de Nosseigneurs
Le trés humble et trés obéïssant serviteur
Meiner l’ainé