Nosseigneurs,

J'ai l'honneur de Vous informer, que j'ai fait entrer en Argent ce qui m'a été possible.
J'ai cherché à vendre des grains, mais je n'y suis parvenu que pour l'Orge restante environs huit Cent Rezeaux à raison de 6^lt 15^s le Rezal argent comptant. Il y a peu de Débit à l'heure qu'il est dans les autres espèces, et on n'achète pas encore aucuns grains pour le Compte du Roi.

Suivant les Avis, que j'ai de Riquewir, il n'y a pas encore rien dans la Caisse de la forêterie; d'aller à l'Emprunt, il y a trop d'inconvéniens. Il me faut encore 3720 Livres pour parfaire la somme de 14/m.^lt que j'ai à payer à M^r de Voltaire, qui me presse beaucoup là dessus & auquel j'ai engagé ma parole pour le 29 de ce mois.

Dans cet Embaras, j'ai trouvé un Expédient que je Vous suplie, Nosseigneurs, de ne pas désaprouver. Je parts demain pour Bâle pour soigner l'envoi en question. J'ai 3720 Livres de la ferme d'Ostheim pour le s^r Meiner, je les joinds à ce que j'ai pour parfaire la somme de 14/m.^lt. Vous voudrés bien faire imputer lad^e somme de 3720 Livres sur les Canons de la ferme dudit s^r Meiner & je la raporterai en Recette dans les Comptes de l'Année courante. J'en informe par cet ordinaire ledit s^r Meiner & j'attends de lui qu'il rendra ce service.

J'ai l'honneur d'être avec un profond respect

Nosseigneurs,

Votre très humble et très obéissant serviteur

C. H. C. Rose

à Colmar le 25^e janvier 1777