27e fév: 1771, à Ferney
Mon cher Président, je sais bien que j’aurais dû vous écrire plutôt; mais avec 77 ans, des fluxions horribles sur les yeux et la goute, on ne fait pas toujours ce qu’on voudrait.
Je crois que les présidents du parlement de Dijon ont actuellement des choses plus importantes que celles de l’académie française. On a persuadé à Mr De Brosses que je m’étais oposé à son élection, parce que j’avais écrit plusieurs Lettres en faveur de Mr Gaillard. Mais je le prie de considérer que j’avais écrit ces Lettres longtems avant que j’eusse apris que Mr De Brosses voulût être nôtre confrère. Il nous fera certainement bien de l’honneur à la première occasion. Multæ sunt mensiones in domo patris mei; j’ai fait ce que j’ai pu pour mériter son amitié, et éxcepté le tort que j’ai peutêtre de vivre encor, je n’ai rien à me reprocher.
On prépare à Paris un nouveau Code, un nouveau parlement. Ne pourait-on pas en même tems imaginer une nouvelle manière de paier ses dettes? Il est bon de songer à tout.
Savez vous qu’on établit un conseil supérieur à Lyon? qu’il y a déjà des juges de nommés? On parle aussi de Poitiers et de Clermont en Auvergne.
Voilà tout ce que je sçais; mais vous en savez sans doute d’avantage à Dijon. Conservez moi toujours un peu d’amitié mon très cher président; celà me fera finir plus guaiment. Si vous voiez Mr Le Goux je vous prie de lui dire que je lui suis toujours très tendrement attaché.
V.