27e 7bre 1770
Vous ne m'aviez point dit, mon cher Suetone, que je dusse envoier les deux tomes à Mr Suart.
J'en dépêche un, et vous renvoie l'autre ensuite par la même voie.
Je suis bien sûr que vous réussirez en prose et en vers. Vous avez ce qui manque à prèsque tous les écrivains de ce siècle, justesse d'esprit, goût, et stile naturel avec l'art de vous exprimer avec force sans faire de contorsions.
Il est vrai que dans une Lettre à Made la Duchesse de Choiseul je glissai quelques vers où je lui disais tout ce que je pense de vous. J'en cherche la minute et je ne puis la retrouver. Je suis plus zèlé pour mes amis que je ne suis sogneux.
Mr D'Alembert est à Ferney, il m'a mis au fait de tout. Il me semble qu'on traitte les gens de Lettres comme du tems où on les prenait pour des sorciers. Il faut espèrer que la raison qui fait tant de progrès en fera aussi sur certaines têtes.
Comptez sur les sentiments du vieux malade qui vous embrasse de tout son cœur.
V.