ce 9 juillet [1770]
Je vous prie instamment, mon cher philosophe, mon cher ami, de faire rendre à Jean Jacques sa souscription et de lui faire dire que c'est moi qui ne veux pas que son nom se trouve à côté du vôtre.
Voyez ce que je pense de lui, et jugez s'il me convient de souffrir qu'il se vante d'avoir contribué; & qu'il étale la grandeur de sa ridicule âme dans la gazette. Pour le roi de Prusse, c'est autre chose: il est roi, et il me doit une réparation. Ses lettres ne me suffisent pas, il faut son nom dans la liste à la tête de laquelle vous êtes; & je vous ai une très grande obligation de lui en écrire fortement. Je ne dois lui parler de son devoir que quand il l'aura rempli.
La dame en question fut toujours pourvue d'une maligne langue. Elle le sait bien, mais il faut pardonner en faveur des yeux. J'ai pris la liberté quelquefois de lui laver la tête. Bien des dames sont, comme vous savez, de grands enfants, le fouet et des dragées.
Fréron, protégé plus que nous tous, Fréron fêté, Fréron digne du pilori me tient un peu au cœur. Il me semble qu'il est fort aisé de constater tous les faits rapportés dans les anecdotes. Tiriot connaît l'auteur, il me les envoya, il y a sept ou huit ans. L'infamie de la canaille littéraire est découverte, on n'a pas changé un mot du manuscrit. Pankouke dit que tout en est vrai. Est il possible qu'un maraud tel que ce fripier soit soutenu! Et par qui? Encore s'il était capable de mourir de honte et de rage! J'y ferai de mon mieux, mais je vous aime plus que je ne le déteste.
V.