11e xbre 1769
Mon cher ange, vous m'inquiétez, et vous me désespérez.
Vous n'avez point répondu à trois lettres. On dit que la santé de made D'Argental est dérangée. Que vous coûterait il de nous informer par un mot et de nous rassurer? Si heureusement ce qu'on nous a mandé se trouvait faux, je vous parlerais de l'envie qu'on a toujours de jouer les Guêbres à Lyon, du dessein qu'on a de se faire autoriser par mr Bertin, je vous demanderais des conseils, je vous dirais que nous espérons obtenir du parlement de Toulouse une espèce de dédommagement pour la famille Sirven, je vous prierais de dire un mot à m. le duc de Praslin d'une affaire de corsaires, que j'ai pris la liberté de lui recommander, et qui m'intéresse, je vous parlerais même d'un discours fort désagréable qu'on prétend avoir été tenu au sujet de nos pauvres spectacles, de vôtre goût pour eux, et de mon tendre et éternel attachement pour vous. Mais je ne puis sérieusement vous demander autre chose que de n'avoir pas la cruauté de nous laisser ignorer l'état de made d'Argental.
Nous vous renouvelons made Denis et moi les assurances de tout ce que nos cœurs nous disent pour vous deux.