du 30 8bre 1769
La charmante Lettre que vous m'avez écrite, mon cher chambellan de la Législatrice victorieuse! Je vous avais déjà fait mon compliment par mr D'Eck.
J'étais alors trop malade pour écrire. C'est donc Cotim qu'il faut dire, et non pas Choctzim. Moi je l'appelle Triomphopolis.
Je me flatte que le code des loix s'achêvera parmi les victoires. Mars est, dit-on, le Dieu de la Thrace où réside son pauvre serviteur Moustapha; mais Minerve réside à Petersbourg, et vous savez que dans Homère Minerve l'emporte beaucoup sur Mars. Quel Mars que Moustapha!
Apropos, Orphée était de Thrace aussi, faittes y donc un petit voiage à la suite de Sa Majesté Impériale. Ah! s'il me restait encor un peu de voix je chanterais comme les cignes en mourant. Il est bien triste pour moi de mêler de si loin mes acclamations aux vôtres. Je vous embrasse mille fois dans les transports de ma joie. Mille respects à Madame la comtesse de Shouvaloff.
Je présente mes très humbles et très tendres félicitations à Mr le prince Galitzin, cy devant ambassadeur tant chez les Français que chez les Welches, et à Monsr Le Comte de Voronzof qui est je crois à présent à vôtre cour.
Permettez moi de faire mettre dans la gazette de Berne qui va en France les détails intéressants de Vôtre Lettre.