1769-08-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Georges Le Roy.

Je suis, Mr, aussi sensible que Sirven à la justice que vous lui rendez.
Si les prétendus professeurs d'équité étaient aussi éclairés et aussi honnêtes qu'un professeur de médecine tel que vous, cette famille innocente et malheureuse ne serait pas dans l'état funeste où l'ignorance et l'injustice l'ont plongée. La sentence contre les Sirven est un nouvel outrage au sens commun, à la phisique, aux sentiments de la nature, qui couvre la patrie de honte. Je me flatte que votre raport ne contribuera pas peu à venger les Sirven et la France. Tous les bons citoiens vous béniront, et je vous aurai, Monsr, une obligation particulière, moi qui suis occupé depuis six ans à tirer la famille Sirven de l'opression et de la misère. Il est bien cruel que la vie et l'honneur d'un père de famille dépende d'un chirurgien ignorant et d'un juge idiot.

Agréez, Mr, ma reconnaissance et tous les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être vôtre etca.