12e juill: 1766 à Ferney
Je ne suis point étonné, Monsieur, qu'on veuille couvrir sa honte par de l'opiniâtreté.
Il n'y avait qu'un parti à prendre, c'était de réparer son injustice; on n'en a pas eu le courage, il ne reste plus qu'à couvrir sa faute par une autre.
Je vais écrire pour le jeune homme que vous me recommandez. Il vous appartient et célà suffit, il m'est cher dès ce moment là; mais je vous avertis que j'ai bien peu de crédit, et que la foule de ceux qui demandent la même chose est assez grande. Ne doutez pas de mon zèle, c'est tout ce que je puis promettre.
Le Capitoul David est mort comme il méritait de mourir et comme il avait vécu. Le juge qui a condamné les Sirven n'est pas moins coupable, mais j'ai bien peur, Monsieur, que dans l'état où sont actuellement les choses en France nous n'obtenions aucune justice. Le temps était plus favorable pour les Calas, mais on s'est acharné contre leurs déffenseurs; on les a accusés de ne pas croire à une religion qu'ils ont voulu rendre pure et humaine. Il semble que dans ce monde on ne puisse faire le bien impunément.
Le Professeur Vernet a fait un bien mauvais livre, il a semé de la méchanceté, et il a recueilli de l'opprobre. Adieu, Monsieur, soiez persuadé de mes respectueux sentiments.
V.