1769-09-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Paul Sirven.

Je prie instamment mon cher Sirven de se point inquiéter, de ne se point décourager.
Mr le prince de Beauvau a écrit les lettres les plus fortes en vôtre faveur à Mr le procureur général. Tout le monde est bien disposé pour vous. Vôtre malheur a excité l'indignation et la pitié de l'Europe. Les attestations de Montpellier suffisent; mais je vais écrire à Paris pour avoir une consultation de la faculté de médecine ou de chirurgie.

Vous vous êtes remis trop tôt en prison, puisque vous ne pourez être jugé qu'après la St Martin; mais vous êtes entre les mains d'un avocat qui prend Vôtre cause à cœur.

J'écrirai moi même quand il le faudra à Mr le Procureur général. Je suis en droit de faire cette démarche puisque j'ai été témoin de vôtre conduite pendant six années. Je suis convaincu de vôtre innocence comme de ma propre éxistence. Si j'avais de la santé j'irais à Toulouse, mais vous n'aurez pas besoin de mes solicitations. Vôtre cause est claire comme le jour; l'alibi est démontré; le raport des chirurgiens est absurde; la vérité, la raison, la nature, tout parle en vôtre faveur.

Mandez moi par qui je pourai vous faire tenir quelque argent.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

V. . . .

Je prends la liberté d'adresser cette Lettre à Made la veuve La Vaysse, suivant vos intentions, je me flatte qu'elle le permettra.