1762-05-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Henri Cathala.

J'envoye à mr Catala la requête au roy que je viens de composer.
Elle suffit s'il est vray que la veuve Calas, son fils et la Vaisse et le malheureux père ne se sont point quittez depuis ce souper funeste. Ce fait seul dit tout. Il ne faut entrer dans aucun détail. Il ne faut que toucher le roy. Ce mémoire peut faire verser des larmes et effraier les lecteurs. Si made Calas ose le signer, elle est innocente, elle et son mari et Pierre et Lavaisse. Sinon ils sont tous coupables.

Mr Cathala peut envoier ce mémoire par la poste à mr Damilaville premier commis du vingtième. Ne cachetez point le mémoire. Avertissez le seulement de la demeure de la personne à laquelle il faut le rendre.

Il n'y a qu'à mettre sur un quarré de papier

mr d'Amilaville est prié d'envoyer ce mémoire à . . . .

Encor une fois tout dépend de cette grande vérité. La compagnie est elle demeurée ensemble dans la même chambre depuis le souper ou non?

J'ajoute à mon billet, que je crois les Calas innocents, et que les juges ont jugé selon les loix. Calas avait menacé son fils, ce fils est trouvé mort chez le père, des chirurgiens déposent qu'il n'a pu se pendre, l'arrêt peut n'être point injuste, voilà pourquoi il est très important de ne point accuser les juges.