[June/July 1762]
1º Par le mémoire pr Jean Calas page 5 il est dit que Pierre Calas le banni, est le 3e fils.
2º Je crois qu'il faut absolument dire que la Dame Calas a été déclarée innocente, attendu qu'on lui a réservé 24000 £. ce qui emporte nécessairement avec soi la certitude reconnue de L'innocence; c'est même sur quoi il faut insister.
3º C'est le fils Donat, qui a assuré que son père avait depuis deux ans mal aux jambes.
On poura rectifier en marge, les autres choses que j'ignore.
Je pense qu'il est très important de faire remarquer que les juges ne se sont point écartés des loix, en suivant la forme, et qu'ils ont condamné un innocent de la meilleure foi du monde. En voicy, je crois la preuve évidente.
La Loi porte, que lorsqu'un homme a été menacé par un autre, et qu'on le trouve mort dans la maison du menaçant, celui cy est réputé coupable.
C'est précisément le cas des Calas. Deux témoins ont déposé des menaces. Joignez à cette fatale raison, la descente sur les lieux par le capitoul, déscente très mal faitte, et le raport erroné des chirurgiens qu'on ne pouvait plus vérifier, voilà l'excuse des juges. Ils se sont trompés, parce qu'ils n'ont pas fait eux mêmes de déscente dans l'endroit où le malheureux Marc Antoine Calas s'était pendu, parce qu'ils ont toujours supposé qu'il n'avait pû se suspendre lui même; parce qu'ils n'ont pas sçu distinguer les menaces d'un père, des menaces d'un ennemi; parce qu'ils ont toujours cru que la religion avait part à cette avanture abominable; enfin, parce que Calas le père ayant très mal répondu dans ses interrogatoires, ils ont supposé qu'il était criminel, et qu'il avouerait tout sur la roue; en quoi ils se sont lourdement trompés.
Cette affaire mêrite d'être suivie, avec la plus grande chaleur. Je prie mr Cathala de mander à madc Calas, de lui renvoyer la requête au Roy apostillée, afin qu'on puisse en former un ouvrage également vrai, et également intéressant dans tous ses points.
Mr D'Amilaville, nous renverra le paquet cacheté.