4e février 1769, à Ferney
Mon cher président, les marques de vôtre souvenir me sont toujours bien chères.
Ne viendrai-je donc jamais vous en remercier à Dijon? ne verrai-je point cette académie dont je vous regarde comme le fondateur? Il y a quinze ans que j'habite la campagne, il faudra bien qu'enfin j'aille vous embrasser à la ville, et que je vous remercie vous et Mr Le Goût de l'adoucissement qu'il a mis aux prétentions de vôtre confrère le Président de Brosses qui fesait tant de cas de mes meubles, et qui par mégarde, et sans y penser, avait mis dans son contract que tout lui apartiendrait, et qu'il dépouillerait mes héritiers.
Si mon cher Isaac va au printems en Provence je suis sur sa route; j'irais au devant de lui en chantant hosanna filio Belzébuth!
Adieu mon cher Président, ne manquez pas surtout, je vous en prie, d'assurer Mr Le Goût de ma tendre reconnaissance; ce sont des sentiments que je conserverai pour vous et pour lui toute ma vie.