1771-05-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louise Honorine Crozat Du Châtel, duchesse de Choiseul.

Permettez, Madame, que j’ajoute un petit codicile à mon Testament, et que je vous explique les étrennes qu’on voulait me donner au mois de Janvier dernier.

Mr Seguier après la réception que le public lui avait faitte à l’académie française, se mit à voiager. Il vint chez moi, et me dit que plusieurs Conseillers du parlement le pressaient de dénoncer l’histoire de ce corps, imprimée, dit-on, il y a deux ans, qu’il ne pourait s’empêcher à la fin de remplir son ministère, que s’il ne fesait pas la dénonciation des conseillers la feraient eux mêmes, et que celà pourait aller très loin.

Je lui répondis en présence de Mr Hennin, résident à Genêve, et de ma nièce, que cette affaire ne me regardait point du tout; que je n’avais aucune part à cette histoire; que je la regardais comme très véridique; et que s’il était possible qu’une compagnie eût de la reconnaissance, le parlement devait des remerciements à l’écrivain qui l’avait extrêmement ménagé.

Voilà, Madame, ma confession achevée. Si vous me donnez l’absolution je ne mourrai que dans quinze jours; si vous me la refusez je mourrai dans quatre, mais si je ne mourrais pas en vous adorant je me croirais plus réprouvé que Belzébuth.

Le vieil hermite