1776-03-07, de Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet à Voltaire [François Marie Arouet].

J'ai reçu toutes vos lettres jusqu'à celle du 1er mars, mon cher et illustre maître, Ne soyez pas en colère contre Me Suard, elle vous aime autant qu'elle vous admire.
Elle s'occupe de vos inquiétudes avec L'intérêt le plus touchant. Mais avant que de vous répondre elle a voulu savoir quelque chose de positif sur L'objet de vos inquiétudes.

L'affaire de M. de Lille se Civilise. Le Parlement s'en est saisi sur l'appel de m. de Lille. Il a converti Le décret de prise de corps en assigné pour être oui: et tout ira doucement. C'est une dédale d'intrigues et de Contre intrigues dont il est impossible de confier le secret au Baron Rigolei, mais qui vous ferait rire et pleurer.

Quant à L'autodafé il est suspendu. On a écrit à M. Le procureur général de se conformer à L'édit de rétablissement et de ne souffrir aucune dénonciation qu'elle ne lui fût remise, de n'en faire lui même aucune sans en avoir prévenu le ministère. Je tâcherai d'avoir Ces inconvéniens des droits féodaux et de vous les envoier; vous serez surpris en lisant ce livre des qualifications que Seguier lui a données. Ce Sequier est un des plus vils coquins que nous aions à Paris. Il ressemble au Wasp de L'écossaise qui ne mordait que par instinct de bassesse.

Adieu, soyez tranquile et comptez sur vos amis.