à Ferney 18 novbre 1761
Monsieur,
Si M. le président de Brosse est Roy de France ou au moins de la Bourgogne cis-jurane, je suis prest de lui prêter serment de fidélité.
Il n'a voulu recevoir ny d'un huissier ny de personne l'arrest du conseil à luy envoyé par le quel il devait présenter au conseil du roy les raisons qu'il prétend avoir pour s'emparer de la justice de la Periere qui appartient à sa majesté.
Il me persécute d'ailleurs pour cette bagatelle, comme s'il s'agissait d'une province. Vous en jugerez monsieur par la lettre cy jointe que j'ay été forcé de luy écrire et dont j'ay envoié copie à Dijon à tous ses confrères qui lèvent les épaules.
Au reste Monsieur je feray tout ce que vous voudrez bien me prescrire, et je vous obéirais avec plaisir quand même je serais Roy de la Bourgogne cisjurane ainsi que M. le président de Brosses.
J'ose imaginer monsieur que le Roy peut à toutte force conserver la justice de la Perriere malgré la déclaration de guerre de M. le président.
J'ay l'honneur d'être avec beaucoup de respect
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire