aux Délices 29 juin [1759]
Il y a longtemps mon cher confrère en Apollon et mon président en foy et hommage, que je n'ay eu de vos nouvelles.
Je vous ay envoyé plus d'un paquet, et une belle procuration légalisée, et tout ce que vos bontez prescrivaient, à l'adresse du secrétaire des états de Bourgogne. Je soupçonne que vous êtes dans vos belles terres et que vous y avez un temps plus favorable que celuy qui nous persécute dans nos montagnes. Vous savez sans doute que Grasset a menacé le public dans une lettre de ne jamais écrire pour le téâtre, et vous connaissez la jolie épigramme par la quelle Piron l'a remercié au nom du public. On dit qu'on a brûlé trois jésuittes à Lisbonne, mais jusqu'àprésent on ne tient cette nouvelle que des jansénistes.
Permettez moy pour toutte nouvelle sûre de vous dire que le Roy m'a acordé tous les priviléges attachez à Fernex autrefois et qui étaient perdus pour moy. Me voylà entièrement libre.
Vous aviez eu la bonté de vouloir bien me faire inscrire au nombre de ceux qui reçoivent le petit bulletin de Di-jon. Je n'en ay pas entendu parler.
Mille respects à madame de Ruffey.
Madame Denis et moy nous sommes pénétrez pour vous de la plus vive reconnaissance.