A Paris le 28 mars 1761
Monsieur,
Par la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'écrire le 27 du mois passé, vous observés que M. le Président de Brosses à qui vous avés fait présenter le double de la requête de Mr de Voltaire tendante à obtenir la décharge des frais faits au Baillage de Gex, dans l'affaire de Panchaud, en renonçeant par lui à l'amende que les juges ont prononcée en sa faveur en déclarant que la justice du lieu de la Perriere appartient au Roy, non seulement n'a pas voulu signer cette requête, mais même qu'il soutient que la justice lui appartient et qu'elle n'est point au Roy.
Cependant Les pièces que vous trouverés cy jointes démontrent le contraire, c'est pour quoi vous pouvés Dès àprésent, faire avertir les officiers du baillage de Gex de décerner leur exécutoire sur le domaine pour les frais du procès en question, et avant de le viser vous aurés la bonté d'en faire la taxe la plus rigide, ainsy qu'il est d'usage, pour le Roy, au moyen de quoi le payement en sera fait par le fermier du Domaine, sans préjudice néantmoins de la répétition qui en sera faite sur qui il apartiendra en cas qu'il soit définitivement jugé contradictoirement avec M. de Brosses qu'il est éffectivement seigneur haut justicier du lieu où le délit a été commis. J'en préviens M. De Voltaire, afin qu'il se mette en règle, en présentant une requête contre la prétention de Mr de Brosses, sur laquelle il sera rendu un arrêt de soit communiqué pour y répondre pardevant vous et être ensuite sur vôtre avis statüé par sa majté en son conseil ainsy qu'il appartiendra. Je suis avec respect
Monsieur
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
de Courteille