1770-01-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Germain Gilles Richard de Ruffey.
Sæpe premente Deo fert deus alter opem.

Vôtre Lettre, mon cher Président, a servi d'antidote à celle que j'ai reçue du Président De Brosses. Il persécute toujours ma pauvre vieillesse, malgré tous les pardons que je lui demande de n'être pas encor mort. Mais comme il ne sera pas président en ce païs là, j'espère bien lui montrer les dents s'il m'en reste.

On m'a envoié un petit livret d'un de vos académiciens sur les moulins économiques qui m'a paru très bien fait, et j'espère que le nouveau controlleur général fera venir bientôt l'eau au moulin.

J'ai reçu aussi une introduction à l'histoire de Bourgogne par Mr Mille. L'auteur me parait très instruit; j'espère beaucoup de son ouvrage; et je m'y intéresse d'autant plus que vous m'avez fait bourguignon.

Est-ce que Mr le Président de La Marche n'a point d'enfant mâle, puisqu'i renonce à la terre de La Marche qui est la terre de son nom? Quoi qu'il en soit, je me tiendrai toujours très bien entre les mains de Mr De Neuilly ou de Mr son neveu. Cette famille est celle de l'honneur et de la probité. On n'en peut pas dire autant de tout le monde, mais bien de vous, mon cher président, qui avez donné tant de preuves de vôtre générosité.

On ne peut vous être attaché plus tendrement que je le suis, et avec des sentiments plus vrais et plus respectueux.

V.