1768-08-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Michel Hennin.

Je ne vous ai point du tout prié, Monsieur, de mettre auguste à la place d'aoust, comme en usent tous les peuples de l'Europe, excepté les Welches.
Mais je vous prie de croire que j'ai l'hipotèque la plus assurée sur la terre d'Annemasse, attendu que j'ai prété expressément pour en faire l'acquisition, et pour prix non paié. J'ai été substitué aux droits de Mr De Barol cy devant possesseur de cette terre. J'en ai la reconnaissance. Toutes les règles ont été observées dans mon contract.

Je plains beaucoup madame De Monthou, et sa rage de se remarier. Je souhaitte que ses autres créanciers entrent comme moi dans quelque composition.

Voulez vous bien avoir la bonté, Monsieur, de me marquer si mr de Foncet veut pècher Annemasse soit en eau claire, soit en eau trouble. Je n'aurai pas à me reprocher d'avoir dépouillé la veuve et l'orphelin, et si vous accommodez cette affaire je vous serai très obligé de me faire rendre quelques sous pour les Louïs d'or que j'ai donnés.

Je souhaitte à Stanislas et à Catau toutes les prospérités imaginables; mais à vous surtout Monsieur que j'aime mieux que tous les potentats du nord.

V.