à Tourney 7 sept^b 1759

Un peu d'attention, s'il vous plait monsieur.

Par contract passé le 20 August, V… a bien voulu donner 3115^lt comptant, pour tirer son vassal Bétems de prison, et le dit Bétens abandonne son rural au pays de Gex, jusqu'à ce que V. soit remboursé sur les fruits de ce rural, et le tout sans intérest. Ainsi spécifié au contract. Or la sangsue commise par les fermes générales exige le centième de cette bonne action.

De quel droit? sangsue! Esce icy une aliénation? un bail à vie? esce aliénation de fonds? esce un bail de plus de 9 ans?

Le fonds dont je deviens régisseur vaut environ 700^lt par an. Comptez, vous trouverez qu'en quatre ans et demi tout est fini. Pourquoi fourez vous votre nez dans un plaisir que je fais à mon vassal de Tourney? Pourquoy prenez vous votre part d'un argent prété par pure charité? Si vous m'échauffez les oreilles je me plaindray à m^r de Chauvelin.

Vous m'avez extorqué là 50^{lt c} avec la petite oye. Sachez que je les retiendray (car M. de Chauvelin le jugera ainsi) sur le centième de l'acquisition à vie de Tourney. Je ne veux pas importuner le roy pour avoir un brevet d'exemption. Je suis satisfait de ses bontez. L'état a besoin d'argent. Oui vous aurez votre centième d'acquisition à vie, en protestant que c'est au rusé président de Brosse à le payer, non à moy. Patience. Mais pour vos 50^lt extorquées, vous les rendrez s'il vous plait; ou il n'y a point de justice sur la terre.

Vous êtes chicanneur et vorace, vous dégoûtez de faire du bien.

Si Monsieur de Chauvelin met no en marge de ma pancarte, je me tais; mais il mettra si.

Le laboureur V. présente ses respects à monsieur le protecteur des édits, et à m^r l'abbé son frère examinateur des édits.

Il le supplie de permettre que cette lettre pour Monsieur l'ambassadeur soit mise dans son paquet.

• Du téâtre de Tourney, pays de Gex pays charmant,
• mais où la terre ne rapporte que trois pour un,
• pays où j'entretiens les haras du roy à mes dépands
• et où je n'ay point d'avoine, ainsi tout va.