30e 9bre 1763 au Château de Ferney, par Genêve
Vous êtes, Madame, dans la situation malheureuse de toutes les veuves, dont le mari avait des Enfans du premier Lit.
Vous devez vous préparer à des discussions très épineuses; mais enfin, n'avez vous pas vôtre douaire règlé par vôtre contract de mariage? n'avez vous pas un château pour habitation? vos enfans ne partagent-ils pas avec ceux de la première femme? Je voudrais que vous pussiez convenir d'un arbitre qui liquidât vos affaires, car les frais vous ruineront. Je ne sais pas pourquoi vous êtes dans la ville du Belley en France, aulieu de poursuivre vos droits en Savoye. Ne pouriez vous plus habiter le château d'Annemasse? Je m'intéresse bien sensiblement, Madame, à vôtre situation. Si vous revenez en Savoye, et que vous puissiez passer par Ferney, nous nous empresserons made Denis et moi, à faire tout ce qui sera en nous pour dissiper vos chagrins.
Je voudrais, Madame, être à portée de vous rendre des services essentiel, et de vous témoigner l'attachement et le respect avec lequel J'ai L'honneur d'être, Madame, vôtre très humble et très obéïssant serviteur
Voltaire