1768-06-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Germain Gilles Richard de Ruffey.

M. de la Marche qui m'aimait est mort, mon cher ami, et mon persécuteur la Brosse se porte bien.
Je crois que j'irai bientôt voir mon contemporain la Marche, quoique j'aie promis à m. de Brosses de vivre long temps. Les maladies augmentent avec l'âge, et malgré la gaité qui règne dans la petite guerre de Geneve, la mort qui n'entend pas raillerie viendra bientôt s'emparer de ma figure légère. En attendant je vous aimerai jusqu'au dernier moment, et je vous prie bien instamment d'être le fidèle héritier de M. de la Marche dans les bontés qu'il avait pour moi. Permettez moi au nom de cette amitié de vous embrasser sans cérémonie.

V.