aux Délices près de Geneve 28 mars 1759
J'ai l'honneur de faire observer à Messrs les fermiers généraux
1. Que j'ai commencé par demander leur avis, et que je me soumets sans aucun procez à la décision de Mr Chauvelin sur l'affaire du centième denier qu'on éxige pour la terre de Tournay, terre de l'ancien dénombrement de Berne et de Genêve.
2. Que l'on n'a pas accusé juste à Messrs les fermiers généraux, en leur disant que mon contract porte que je serai obligé de faire pour 12000 £ de réparations. Il est dit expressément que si je meurs dans l'espace de trois années, cette dépense de 12000 £ ne sera pas éxigible. Or il est clair qu'en cas de mort dans l'espace de trois années, mes héritiers n'étant point tenus de payer ces 12000 £ je ne dois pas être tenu de payer aujourd'hui le centième d'un argent dont le fonds serait nul.
3. Que la terre de Tournay est toute entière dans l'ancien dénombrement de Genêve; que cette terre n'est sujette à aucun droit quelqu'il puisse être; que ne paîant ni taille, ni capitation, ni dixième, ni lods, ni aucun droit, elle ne peut être sujette à celui du centième.
4. Que Mr le Président de Brosses m'a garanti toutes les franchises, et tous les privilèges, qu'ainsi ce serait à lui qu'il faudrait s'adresser en vertu de la Clause particulière du 11e Décembre 1758, signé de Brosses.
Je prie Messrs les fermiers généraux de peser toutes ces raisons; et s'il était décidé qu'on dût enlever à la terre de Tournay les privilèges dont elle a toujours joui, je prie qu'on s'adresse à Mr le Président de Brosses.
J'ai l'honneur d'êtrea etc.
signé Voltaire gentilho͞e orde du roy etc.