1768-02-13, de Albrecht Friedrich von Erlach à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

Je vous dois Monsieur nombres de remersiements pour l'honneur de vostre Obligante response du 9 du Courant et de L'Espérance flateuse que vous m'ÿ donnés de vouloir bien me resgaller de tems à autre de tout ce que vous pourés trouver de nouveaux, d'agréable, et d'Intéressant.
Je me félicitte beaucoup et me fais feste à L'avance de Cette Nouvelle Marque de vostre amitié. J'en Espère que vous voudrés bien me Marquer d'où je pouray me procurer vostre Histoire de Pierre le grand, puis qu'Elle ne ce trouve plus Chez les Libraires de cés Contrées. Je ne puis résoluement m'en passer. Je suis Enchantées de ce que vous m'observées sur les Genevois. Rien n'est plus veray ny plus justes, et rien de long tems ne m'a autant amusées. Les Directeurs de nos Postes Messieurs Fichers se sont données un nouvel Compositeur de nostre Gasette Bernoise. Son premier Essaÿ de Mecredy 10 du courant, m'a Généralement désplûs, Et L'article D'Avignon m'a Indigné, de façon que j'ay fait ordoner à ce Gasettier de le Resvoquer absoluement par sa Gasette de ce jour. Vous verrés Monsieur que més Ordres onts éstés suivis, en autant que la Protection de ses Constituants le Luy onts permis. Je désire que ma Diligence obtienne vostre approbation, n'ayant rien de plus à Coeur que de vous Convaincre de L'Estime, et de la Considérations parfaitte avec laquelle j'ay L'honneur d'estre

Monsieur

Votre très humble et obéisant serviteur

L'avoÿer Comte d'Erlach