1768-03-24, de Albrecht Friedrich von Erlach à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

J'ay l'honneur de vous assurer en Response de votre Letre du 22 du Courant que sy J'estoit en habitude de Lire la Gasette de Berne comme non (puis que je la croix très fautive) vous ne m'aurié bien sûremment point Presvenus sur L'article dont vous vous plaingez.
Je viens de faire Convenir à mon Audience ce faquin de Gassettier avec Ordres de Resvoquer dans sa première Misérable Gasete, L'article en Question et je me flatte que mes Ordres précis et ménassant Malgrée la Protection de Mess: Les constituants il s'arengera de façon à esviter touttes Punisions. Je suis très fâché Monsieur de touttes ces Impertinentes façons de ce Gassetier, je croy qu'il ne s'Exposera plus à mes très vives savonades.

Disposés Librement mon cher Monsieur de tout de ce qui peut despendre de moy, N'oublié point je vous prie à me faire parvenir ce dont j'ay eu l'honeur de vous prier et que vous m'avés promis par votre présédente letre, et agrées Enfin L'Assurance de la Considération très distingué

Monsieur

de votre très humble et Obéissant serviteur

L'Avoÿer Comte d'Erlach