4 7bre 1767
Je reçois, monsieur, votre lettre du 29 auguste.
Tous les paquets arrivent de Paris en pays étranger; mais rien n'arrive de nos cantons à Paris.
Je vois très souvent votre ami, qui vous aime tendrement. Il voudrait bien avoir le panégyrique de Louis IX. Mais je crois que l'impératrice russe méritera un plus beau panégyrique. Quelle époque, mon cher monsieur! Elle force les évêques sarmates à être tolérants, et vous ne pouvez en faire autant des vôtres. O Welches, pauvres Welches, quand l'étoile du nord pourra-t-elle vous illuminer?
Savez vous bien qu'on fait actuellement des vers à Petersbourg mieux qu'en France? Savez vous mes pauvres Welches, que vous n'avez plus ni goût ni esprit? Que diraient les Depreaux et les Racine, s'ils voyaient toutes les barbaries de nos jours? Les barbares illinois l'ont emporté sur le barbare Crebillon. Le barbare Guillaume Tell le dispute aux Illinois par devant l'auteur de Childebrand: ah mon dieu, pôlissons que vous êtes, combien je vous méprise! Nous avons du moins chez nous deux hommes qui ont du goût et c'est ce qui se trouvera difficilement à Paris. La nation m'indigne. Bonsoir, mon cher monsieur, vous avez dans mon voisinage un ami qui vous aime avec la plus vive tendresse tout vieux qu'il est. On dit que les vieillards n'aiment rien, cela n'est pas vrai. Voici un petit billet qu'on m'a donné pour m. Delembertad.
Boursier