à St. Petersbourg ce 9 [20 n. s.] Janvier 1767
Monsieur, Je viens de reçevoir Votre lettre du 22 Décembre, dans laqu'elle Vous me donés une plaçe décidés parmi les Astres.
Je ne sai si ses places là valent la peine qu'on les brigues. Par tout autre que Vous et Vos dignes Amis dont Vous me parlés, je ne voudrais point être mise au rang de ceux que le genre humain a adorée pendant si longtems. En effet quelque peu d'amour propre qu'on se sente, réflexion fait, il est impossible de désirer de ce voir en égalité avec des oignons, des chats, des veaux, des peaux d'ânes, des boeufs, des serpens, des Crocodiles, des bêtes de touttes espèce, etc: etc: etc: Après cette énumération quel est l'home qui voulu des Temples? Laissé moi dont je Vous prie sur Terre, j'y serai mieux à porté de reçevoir Vos lettres, celles de Vos Amis les d'Alembert, les Diderot, j'y serai témoin de la sensibilité avec laquelle Vous Vous intéressés à tout ce qui regarde ses lumières de notre siècle, partageant si parfaitement ce titre avec eux.
Malheurs aux persécuteurs, ils méritent d'être rangée parmi les déités si dessus spéçifié, voilà leur vraïe places.
Au reste Monsieur soyés persuadés que Votre approbation m'encourage beaucoup.
L'Article dont je Vous ai fait part qui regarde la Tolérance ne paraitra au grand jour qu'à la fin de l'été prochain.
Je me souvient de Vous avoir écrit dans ma précédente ce que je pensai de la publication des pièçes qui concerne l'Archevêque de Novogorod. Cet Ecclésiastique a donné depuis peu encore une preuve des sentimens que Vous lui conoissés. Un home qui avait traduit un livre le lui porta, il lui dit qu'il lui conseillait de la supprimer, parceque dit-il il contient des principes qui établissent les deux puissances.
Soyés assuré que tels titres que Vous preniés il ne nuira jamais chés moi, à la considération qui est duë, à celui qui plaide avec toutte l'étenduë de son génie la cause de l'humanité. L'Imprimé si joint Vous fera juger Monsieur si la justice est de notre Côté.