1772-07-17, de Catherine II, czarina of Russia à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur, Je vois avec plaisir par Votre lettre du 29 May, que mes noisettes de Cèdres Vous sont parvenuës.
Vous les sèmeré à Ferney; j’en ai fait autant ce printems à Czarskoçelo. Ce nom Vous paraitra peutêtre un peu dure à prononçer; c’est cependant un endroit que je trouve déliçieux, parce que j’y plante et y sème. La Barone de Tunderden Trunck trouvoit bien son château le plus beau des châteaux possible. Mes Cèdres sont déjà de la hauteur d’un petit doigt. Que font les Vôtres? J’aime à la folie présentement les jardins à l’Angloise, les lignes courbes, les pantes douces, les étang en forme de lacs, les Archipels en terre ferme, et j’ai un mépris profond pour les lignes droite, les allées jumelles, je hais les fontaine qui donent la torture à l’eau pour lui faire prendre un cours contraire à sa nature, les statues sont relégués dans les galleries, dans les vestibules etc; en un mot l’Anglomanie domine dans ma Plantomanie. C’est au milieu de ses occupations que j’attend tranquillement la Paix. Mes Ambassadeurs sont à Jassy depuis six semaines, et l’armistice pour le Danube, la Crimée, la Georgie, et la Mer Noire a été signée le 19 May v: st: à Giurgevo. Les Plénipotentiaires Turks sont en chemin; faute de chevaux en delà du Danube leurs équipages sont trainés par la raçe du Dieu Apis. Aprés chaque Campagne j’ai fait proposer la Paix à ses Messieurs, apparament qu’ils ne ce sont plus cru en sûreté derrière le mont Hœmus, puisque cette fois ils ont parlementé tout de bon. Nous verrons s’ils seront assés sensé pour faire la Paix à tems. Les chalans de la Vierge de Czenstochow ce cacherons sous le froc de St: François, où ils auront tous le tems nécessaire pour méditer au grand miracle opéré par l’intercession de cette Dame. Vos petits maitres prisoniers retourneront chés eux débiter avec suffisance dans les ruelles de Paris, que les Russes sont des Barbares qui ne savent point faire la guerre. Ma comunautés qui n’est point Barbare se recomande à Vos soins, ne nous oubliés point je Vous en prie, moi de mon côté je Vous promet de faire de mon mieux afin que ceux qui pendant quatre ans ont soutenu contre Votre opinion que je succomberai continuent à avoir tort. Soyés assuré que je suis bien sensible à tout les témoignage d’amitié que Vous me donés, mon amitié et mon estime pour Vous Monsieur ne finiront qu’avec ma Vie.

Caterine