[November 1775]

Monsieur, par Votre lettre du 18 d'Octobre je vois que mon estampe des fêtes de la Paix Vous est parvenuë et que Vous êtes content de l'idée.
L'obscurité de la nuit et les Vaisseaux ont contribué à l'illusion de cette mer en terre ferme. Au reste Monsieur les fêtes ont rempli tout notre tems.

Je viens de doner à mon Empire un règlement pour l'administration des province qui contient 215 pages in quarto d'impression et qui dit on ne le cède en rien à l'instruction pour le code. Je le lui préfère, c'est un ouvrage de cinq mois auquel j'ai travaillé moi seule. J'ai ordoné de le traduire et puis je Vous l'enverrés.

Je n'ay point reçuë le tableau du Peintre de Lyon.

Vos Consuls et Viçes Consuls n'ont pu être employé parceque ou bien les plaçes ne sont point vacantes ou bien elles étoit promise ou donés ou bien je n'ai point de Consuls dans ses lieux là.

Permettés que je Vous amuse un moment au dépend d'un de Vos protégés qui je pense a été au Comte d'Artois et dont j'ai oubliés le nom. Il est allée ses jours passé chés l'Ambassadeur Turk pour lui offrir ses services avec la proposition de prendre le Turban; l'Ambassadeur lui a fait répondre qu'il n'avoit qu'à aller à cet effet à Constantinople et qu'il le présenteroit à la porte, mais qu'un ministre depaix ne favorit point de [ . . .]. Par malheur ses chefs ont apris cette avanture, ils ont trouvé mal que portant l'uniforme de Russie il fût aller offrir ses services à une autre puissance. Il le lui ont fait ôter. Il est allé s'en plaindre au Marquis de Juigné, celui ci n'ayant pas décidé non plus en sa faveur il ne lui reste qu'à suivre réellement le Begler bey de Romelie à Constantinople. Pour le Baron de Pellemberg l'on dit qu'il ne ménage pas plus le vin qu'un Chanoine d'Allemagne et dès qu'il a bu il veut que tout le monde le reconoisse pour Votre neuveu. Au reste Monsieur soyés assurés que rien ne sauroit altérer des sentimens que Vous me conoissés pour Vous et le cas infini que je fais de Votre amitié. Portés Vous bien et vivés s'il est possible aussi longtems que Vos écris resteront dans la mémoire des homes.