Monsieur, Je crois Vous avoir mandée la prise des lignes de Perecop par assault, la fuite du Chan de Crimée avec soixante mille Turks et la réduction du fort d’Orcha qui s’est rendu par accord le 14/25 Juin. Après cela mon Armée entra en trois Colone en Crimé, celle de la droite s’empara de Koslof, port sur la mer Noire, celle du milieu que comandoit le Gl: Prince Dolgorouki en persone marcha vers Karasbasar où il reçut une députation des chefs des Ordes de la Crimée qui proposèrent une capitulation pour toute la presqu’Isle. Mais come leurs députées tardèremt à revenir le Price Dolgorouki s’avança vers Kafa, autre port de mer sur la mer Noire, là il attaqua le Camp Turk dans lequel il y avait vingt cinq mille Combatans qui s’enfuirent sur les vaisseaux qui les avoit amené. Le Seraskir Ibrahim pacha étant resté presque seul envoya pour Capituler, mais le Prince lui fit dire qu’il devoit ce rendre prisonier de guerre, ce qu’il fit.
Nos Troupes entrèrent dont dans Kafa Tambour battant le 29 Juin / 8 Juillet. En attandant la Colone gauche avoit traversée la langue de Terre qui est entre la Mer d’Azof et la Crimée dont un bras de mer la sépare et prit Arabat, d’où on détacha pour s’emparer de Kertch et Jenikoul, ce qui ce fit tout de suite de façon que Notre flotte d’Azof qui ce tenoit dans le détroit prête à le passer doit être à Kafa à l’heure qu’il est; le Prince Dolgorouki m’écrit qu’à la vuë du port il y a trois pavillion Russe qui croise. Je me hâte de Vous doner ses bones nouvelles qu j’ai reçuë ce matin, sachant la part que Vous y prendrés. Vous excuserés aussi en faveur des nouvelles le peu d’ordre que j’ai mise dans cette lettre que je Vous fait fort à la hâte; il ne reste dans la Crimée à l’Enemi que deux ou trois méchants petit fort, les plaçes de conséquences sont emportées et je dois reçevoir incessament la Capitulation signée par les Tartares. Si après cela Monsieur le Sultan n’en a pas assés on pourra lui en doner d’une autre espèce. Soyés assurés de mon amitié et de l’estime distingué que j’ai pour Vous,
Caterine
ce 16/27 Juillet 1771
Je n’ai point reçuë encore la continuation des trois Tome de l’Enciclopedie que j’ai reçue de vos mains