1771-04-11, de Catherine II, czarina of Russia à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur, Vos bénédictions me feront prospérer, malgré le grand froid, la guerre, Moustapha, et son Eunuque noir.
L'on Vous a dit vrai Monsieur, un détachement de l'armé du Cte: Roumenzof a passé le Danube, et a causé beaucoup d'effroi sur l'autre rive. Il est vrai aussi que Vos enemis les Turks ont été chassé de la Valachie, il ne leur reste qu'un seul endroit de ce côté çi du Danube nomé Turno. Il y a eu un combat très vif à Georgova, où deux mille Musulmans ont mordu la poussière et quatre mille au moins ont été noyé dans le Danube, après quoi le Château qui est situé sur une Isle dans le Danube, s'est rendu par capitulation au Gl: Olitz. Le Sultan, très fâché de ses nouvelles pertes, et ne sachant aparament à qui s'en prendre, a envoyé cherché la tête du gospodar in partibus: qu'il fit l'année passée. Celui çi soit dit en passant a trouvée la Valachie presque entière entre nos mains.

On me confirme de toute part le bien que Vous me dites du nouveau Roy de Suede, proches parent, proche voisins, il faut espérer que nous viverons en paix. Vos montres serons les bien venuë, je les attend.

L'ançien géant a sur son corps depuis cinq à six ans une sentence pour contrebande, qui cependant n'a pas été mise en exécution dans toute la rigueur.

Tout ce prépare pour Vous satisfaire et doner de la besogne au sultan. Le Cte: Orlof qui étoit venu ici pour un moment est reparti pour Livourne avec son Pr: Dolgorouki, d'où ils s'embarqueront pour Pares. Les trouppes y campent et entre autre un gros détachement du Régiment des gardes Preobrajenski. On ne sauroit ajouter Monsieur au sentimens d'estime et d'amitié que j'ai pour Vous.

Caterine