à St: Petersb : ce 18/29 Novembre 1771
Monsieur, Pour faire tenir Votre lettre au seigneur Moustapha, le Maréchal Roumenzof a envoyé vers la moitié du mois passé le Gén: Major Weissmann, au delà du Danube, où après avoir fait sauter en l’air deux petit forts qui barroit son chemin, il a marché vers Babada où le grand Visir était campé.
Il a pris cette place, a battu les troupes du Visir, s’est emparé du Canon fondu par Mr Thot l’année passée à Constantinople, après quoi poliment il est entré dans le Camp pour parler au Visir, mais il ne l’y a plus trouvé. Nos troupes légères se sont portés jusqu’au mont Hemus sans rencontrer à qui s’addresser. Alors Mr Weisman croyant sa comission achevée retourna vers Isakchi qu’il rasa. Pendant ce tems là, un autre général major a pris les forts de Matchina et de Ginova tandis que le Lieuttenant général Essen s’amusa à battre quarante mille Turks comandés par Moursou Ouglou, çi devant Visir, qui s’étoit avancé en Valachie. Aprés la défaite de celui ci Giurgeva fut réoccupé. Les deux rives du Danûbe depuis cet endroit jusqu’à la mer Noire, sont présentement netoyé des Turks come une maison Hollandoise pourroit l’être de la poussière. Tout ceçi s’est passé du 20 au 27 d’Octobre v. st.
Consolés Vous Monsieur Votre cher Aly bey est maitre de Damas. Mais quelle honte pour Vos compatriotes, pour cette noblesse françaises, si remplie d’honeur, de courage et de générosité de se trouver parmi ses bandits de Pologne qui font serment devant des images miraculeuses d’assassiner leur Roy, quand ils ne savent pas combattre. Si après ce coup Mr de Vieuxmenil et ses Compagnons ne quitent point ses gens là que faudra t’il penser? Nous avons içi présentement le kalga sultan, frère du khan indépendant par la grâce de Dieu et les Armes de Russie, de la Crimée, s’est un jeune home de 25 ans, rempli d’esprit et du désir de s’instruire. Je Vous remercie bien sincèrement de l’envoy du six et septième volume des Questions. Mais vos fabriquants ont ils reçu mon argent pour leurs montres? Vous ne m’en dites pas un mot dans Vos lettre du 2, et du 10, d’Octobre, ni dans celle du 2, de Novembre, cependant cet argent a été envoyé depuis très longtems par le Banquier Fridrichs et Compagnie à Tourton et Bauer à Paris, pour Vous être payé.
J’ai encore à Vous dire que les maladies de Moscow, sont réduites par les soins infatiguables du Cte: Orlof à un dixième de ce qu’elles était. Ses frères ont fait le Diable à quatre dans l’Archipel, ils ont partagé en deux leurs flotte, le frère ainé, depuis le Cap Matapan jusqu’à Lemnos a fait plusieurs descente, a enlevé à l’enemi des Magasins et des Bâtimens et a détruit ce qu’il n’a put emporter; le cadet en a fait autant sur les côtes d’Asie et d’Afrique, mais sa maladies très sérieuse l’a obligé de revenir à Livourne.
Si ses nouvelles Monsieur peuvent Vous rendre la santé, elles auront un nouveaux mérite à mes yeux, parcequ’on ne sauroit s’intéresser plus sincèrement à ce qui Vous regarde que je le fais.
Dites moi je Vous prie si l’Edition de l’Encyclopédie qui ce fait à Geneve est avoué par les Auteurs? Les Editeurs m’ont demandé des mémoires sur la Russie pour les y insérer.