29e 8bre 1766 au château de Ferney
Et moi, Monsieur, je dis, Perit abditus agro. Je perds la vue, je perdrai bientôt la vie; je n'ai pu lire qu'avec une extrème peine vos beaux vers, et lorsqu'enfin je les ai déchifrés j'ai admiré, mais j'ai rougi, honteux de mériter si peu vos éloges, plus honteux encore de n'y répondre que par cette malheureuse prose que je suis obligé de dicter, mais pénétré d'estime pour vôtre mérite, et de reconnaissance pour vos bontés; tout ce que je puis faire c'est de vous assurer que vous me serez cher jusqu'au dernier moment de ma vie; je vous remercie, je vous embrasse, et je suis du fond de mon cœur, Monsieur, votre très humble et très obéïssant serviteur,
Voltaire gentilhomme ord. de la chambre du roy