1775-12-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à abbé Jean Baptiste Vitrac.

Je vous dois des remerciements, monsieur, pour les deux pièces d'éloquence que vous avez bien voulu m'envoyer.
Il est très beau de célébrer, au bout de deux-cents ans la mémoire de ceux qui éclairèrent leur siècle, et qui ne méritaient pas d'être oubliés du nôtre. L'éloge de l'ancien Dorat vous a fourni une occasion bien agréable de rendre justice à m. Dorat d'aujourd'hui.

Il y a un autre homme dont Limoge se souviendra un jour avec une tendre reconnaissance, et qui fait actuellement autant de bien à la France qu'il en a fait à votre patrie.

Permettez moi de vous observer une anecdote dont vous parlez dans votre ouvrage. Vous supposez après tant d'autres que Charles IX est l'auteur de ces beaux vers à Ronsard:

Tous deux également nous portons des couronnes &a.

Il n'est guère possible que ces vers soient de la même main qui écrivait à Ronsard:

Si tu ne viens demain me trouver à Pontoise
Adviendra entre nous une bien grande noise.

On peut croire que ces derniers vers étaient de Charles IX, et que les autres étaient d'Amiot, son précepteur. Le malheureux prince qui commanda la St Barthelémi, n'était pas digne de faire de beaux vers.

Il est triste que vous citiez dans vos notes un ausi vil coquin que le Sabatier de Castres.

J'ai l'honneur d'être, mr, votre &a.

Voltaire gentilhomme ord. de la chambre du roi