Au château de Ferney, par Genève, 6 novembre 1764
Monsieur,
Vous rendez un grand service à tous les amateurs des sciences, en faisant une collection complète des œuvres du célèbre Leibnitz.
Près de la moitié étaient éparses comme les feuilles de la Sibylle; et il y a même bien des choses qui ressemblent assez aux oracles de cette vieille, c'est à dire qu'on ne les entend guère. Vous les enrichirez sans doute, monsieur, de vos judicieuses remarques. Je suis malheureusement peu à portée de vous servir; je commence même à désespérer de pouvoir lire ce recueil intéressant, car je suis en train de perdre entièrement la vue. L'état où je suis ne me permet pas de vous écrire de ma main; je n'en suis pas moins sensible à l'honneur que vous me faites, j'en sens tout le prix. J'ai l'honneur d'être, avec la plus respectueuse estime,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Voltaire, Gentilhomme ord. de la chambre du roi