1761-04-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Cosimo Alessandro Collini.

Je ne peux que remercier quiconque veut bien se donner la peine d'imprimer mes faibles ouvrages, pourvu qu'on n'y insère rien d'étranger, rien contre la religion catholique que je professe, rien contre l'état dont je suis membre, ni contre les mœurs, que j'ai toujours respectées.

Si l'on suit la dernière édition des frères Cramer, il faut en corriger les fautes que tout homme de lettres apercevra aisément.

Mais j'avertis ceux qui veulent se charger de cette édition, que les frères Cramer réimpriment actuellement avec célérité et exactitude l' Essai sur l'histoire générale depuis Charlemagne jusqu'à nos jours, corrigé et augmenté de moitié. J'avertis encore qu'ils préparent une nouvelle édition avec de très belles estampes, et qu'il vaudrait mieux s'entendre avec eux que de hasarder un partage dangereux pour les uns et pour les autres.

Je ne tire aucun profit de mes ouvrages; je n'en ai que la peine. Je souhaite seulement que les libraires ne se ruinent pas dans des entreprises qui me font honneur.

Voltaire, gentilhomme ord. de la chambre du roi