1766-07-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Michel Hennin.

Figurez vous donc, Monsieur, qu'hier mardi, Monsieur Le prince de Brunswick m'écrit qu'il viendra se reposer de ses fatigues dans mon hermitage.
Je lui propose d'y venir manger du lait et des œufs frais, et de renoncer ce jour là au monde et à ses pompes. Et sur ce que vous m'aviez mandé des pompes, je vous prie de vouloir bien venir avec Mr De Taulès pour me bouillir du lait. Point du tout, ne voilà t'il pas que ce jeune héros me mande qu'il est engagé pour des crevailles avec Monsieur L'ambassadeur, et qu'il ne viendra que demain. Je n'ose plus suplier son Excellence de venir faire pénitence de ses éxcès à la campagne. Qu'il se crève, qu'il se damne, qu'il fasse tout ce qu'il voudra. Il est le maître, je suis à ses ordres et aux vôtres. Faittes moi la grâce d'instruire un pauvre vieux hermite de vos marches et de vos plaisirs.

Vôtre grand diable de Cosaque qui dit avoir la poitrine perdue, est un fort bon homme. Il avait avec lui un médecin qui a du mérite.