Vous pardonnerez sans doute, Monsieur, à ma languissante vieillesse, si je remplis si rarement les devoirs que mon cœur me dicte envers vous.
Vous savez avec quelle satisfaction je recevrai tout ce qui viendra de vôtre part. Vous m'enverrez sans doute l'ouvrage que vous me faittes espérer par quelqu'un de vos compatriotes qui fait le voiage de Genêve. Je vous avoue cependant que je suis surpris que les Anglais y viennent encore après l'insolence qu'on y a eue de déffendre l'impression de la traduction française de l'excellent livre que vous aviez daigné faire en faveur de cette petite république.
Les médiateurs sont encor dans cette ville, ils y donneront des loix, mais ils n'établiront jamais la concorde.
Adieu, Monsieur, on ne peut vous être attaché avec un plus tendre respect que vôtre très humble et très obéïssant serviteur.
V.
à Ferney 13e Juin 1766