1766-03-24, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Je n'ai, mon cher ami, que l'esquisse du petit discours contre le fanatisme, qu'on prétend envoyer à quelques princes et à quelques philosophes d'Allemagne, et des autres pays étrangers; mais il faudra le faire cadrer, si cela se peut, avec le mémoire du prophète Elie.
Ce mémoire m'a paru susceptible d'être un chef d'œuvre d'éloquence. Je vous remercie de m'avoir fait connaître l'éloquence des capucins. Je ne sais pas qui a fait l'article unitaire, mais je sais que je l'aime de tout mon cœur.

Voici trois exemplaires que m. Boursier m'a remis pour vous adresser. Il dit que vous ne ferez pas mal d'en envoyer un au prêtre de Novempopulanie. Vous voyez que la justice de dieu est lente; mais elle arrive. Persequitur pede poena claudo. Il y a des gens auxquels il faut apprendre à vivre, et il est bon de venger quelquefois la raison des injures des maroufles.

Nous avons ici la médiation et je crois que vous ne vous en souciez guère. Je vous embrasse bien tendrement.