[c. 1 January 1766]
M. Clairaut, monsieur, n'eut aucune part à la philosophie leibnitzienne, dans laquelle madame du Châtelet mit autant de clarté que Leibnitz y avait jeté d'obscurité.
Elle la rendit même si claire, que presque tous les lecteurs furent désabusés des imaginations de Leibnitz. Il n'en fut pas de même du commentaire algébrique sur Newton. Comme il ne s'agissait que de vérités, madame du Châtelet consulta m. Clairaut; il vérifia tous les calculs; il travailla beaucoup avec elle; mais madame du Châtelet eut la gloire d'avoir travaillé seule à la traduction des principes de Newton, ouvrage qui aurait fait honneur à un académicien.
J'ai retrouvé la copie d'une lettre que j'écrivis à m. Clairaut il y a quelques années; je vous l'envoie; elle pourra figurer dans les notes de votre ouvrage.
Je m'intéresse au monument que vous élevez à sa gloire; il méritait d'être célébré par vous.