Au château de Ferney, par Genève, 30 novembre 1765
M. de Voltaire ayant lu la tragédie intitulée Adélaïde du Duguesclin, que madame Duchêne a imprimée, la prie très instamment d'ajouter à la pièce la feuille qu'il lui envoie.
Il est de l'intérêt de madame Duchêne de faire cette addition. Il lui fait ses compliments.
L'auteur, en lisant cette pièce dont il n'a pu ni voir la représentation ni conduire l'impression, a été étonné d'y trouver des vers qui non seulement ne sont pas de lui, mais que même il ne peut entendre.
On trouve à la page 30:
Il ne sait ni de quels chefs de l'état, ni de quels vœux on veut parler: ce vers ne lui a pas paru intelligible. Apparemment que les comédiens ayant fait ce qu'ils appellent des coupures, ils ont fait aussi ce vers, que l'auteur ne comprend pas.
Il y a dans son manuscrit:
L'habitude où sont les acteurs de faire ainsi des changements à la plupart des pièces qu'ils jouent les oblige quelquefois à gâter le style. On ne s'en aperçoit pas à la représentation; les libraires impriment sur la copie qui est entre les mains de comédiens, de sorte qu'une pièce tolérée au théâtre devient très défectueuse à la lecture; ce qui fait tort également à l'intérêt de l'éditeur et au soin que tout écrivain doit avoir de son art, quelque peu de cas qu'il fasse de ses ouvrages.
Cet avertissement est indispensable.
V.